La Révolution Baroque
Changer la musique :
Ouvrir la partition de l'Orfeo, c'est pénétrer un Monde. Celui d'un compositeur dont la main experte a écrit parmi les pages musicales les plus abouties d'une époque bouillonante et neuve, qui bousculait les schémas traditionnels pour imaginer de nouvelles formes d'expression. Curieusement, cette époque d'expérimentation artistique, sociale et économique est vécue comme un retour, une Renaissance, qui quitte une parenthèse considérée obscure, le Moyen-Age, pour retrouver la science idéalisée de l'Antiquité. Mais est-ce que le forum romain se repeuple ? Est ce que les hommes et les femmes revêtent à nouveau des toges, se rendent aux thermes publics ? Est-ce qu'on joue à nouveau du syrinx et de la lyre à sept cordes ? Non, l'Antiquité ne renaît pas. La Renaissance visite ses vieilles ruines, découvre son passé après quinze siècles de chrétienté, s'étonne, doute, remet en cause. Révolutioner fait peur et pourtant l'envie est là, partagée par toute une société, de changer. Changer, sortir d'un carcant, respirer librement. Monteverdi écrit ce qui servira de base à un nouveau genre musical, l'Opéra. Nous sommes devant le premier opéra. Le genre n'est pas encore codifé. Il naît. La musique au service d'un texte et d'une mise en scène. Le mariage de la musique et du théâtre.
Eblouir par la musique :
Nous sommes au XVIIème siècle. Aujourd'hui le terme 'baroque' semble sans équivoque. A l'origine, "baroque" était un terme de joaillerie qui désignait une perle irrégulière, mal taillée, defectueuse. Le baroque s'est donc d'abord défini par la différence : il était l'anormal, l'exubérant, en un mot le contraire du classique. La musique baroque fut une rupture, une révolution, avec une volonté claire dans la doctrine catholique (qui voulait reconquérir une partie des chrétiens qui avait quitté son giron pour l'église protestante puriste et d'une austère simplicité) : éblouir ! stimuler les sens et l'émotion ! L'église catholique avait alors une position ambiguë : soutenir une démarche artistique sensuelle qui devait lui ramener des fidèles et contrôler les "excès" de sensualité et autres dérapages incompatibles avec la religion du Livre.
