Laissons la parole à Yves Decompoix , artiste peintre

"Platon raconte qu’à l’aube des temps existait un Être double, roulant sur lui-même, l’Androgyne. C’est à l’Androgyne que se rattache le Mythe de l’Âme-Sœur et cette androgynie primordiale constitue le fil directeur de mes Séries. La Suite des oeuvres consacrée à l’Orfeo s’inscrit dans un travail de recherche picturale dédié à cette quête de l’Âme-Sœur. Depuis 1994, les différentes facettes de ce Mythe furent explorées et mises en relation avec l’opéra, la poésie ou le roman, qui furent autant de fils conducteurs de mon travail. Ainsi virent le jour quatre Séries ayant pour supports: ‘La Flûte enchantée’, ‘L’Orfeo’, ‘Les Fleurs du Mal’, ‘Daphnis et Chloé’. Ce qui représente au total 205 oeuvres peintes à l’huile ou à la tempera. Ce travail se poursuit actuellement avec l’exploration du ‘Cantique des Cantiques ’ (traduction R. Morel). Dans la Grèce antique, une pièce cassée en deux était un signe de reconnaissance: chaque personne en possédant un morceau savait ainsi qui elle devait reconnaître, lorsque les deux morceaux étaient réajustés. Cette portion de pièce, cette marque distinctive, était appelée sumbolos, qui donna en français symbole. Ainsi, la rencontre amoureuse est-elle symbole pour ceux qui la vivent. Elle est le moment suspendu où la Vie qui nous soulève, prend en nous sens et force. Ces divisions et recompositions élégiaques constituent la trame de l’expression artistique en général et de l’Orfeo en particulier. Retrouver les morceaux épars de l'Être double en nous, c’est aussi le défi du peintre."

Le mythe d’Orphée remonte à l’Antiquité Grecque. Il fut repris par Virgile (vers 78-19 av JC) puis Ovide (vers 43-17 ap JC). Le librettiste de ‘L’Orfeo’, A. Striggio, s’inspire de l’un et de l’autre.

Au cours des siècles, ce mythe religieux en son fond, allait se transformer en histoire d’amour. Il suffisait pour cela d’insister sur les émotions d’Orphée. Le contenu humain allait passer au premier plan, transformant en contenu latent le sens mythique et initiatique. Alors la légende d’Orphée allait s’imposer à la place du mythe. C’est elle qui, à la Renaissance, apparaît avec d’autant plus d’éclat qu’à cette époque le lyrisme évolue et veut devenir à la fois verbe et mélodie : Orphée s’offre comme une figure exemplaire du rapprochement souhaité entre la Poésie et la Musique.

Tentons d’ajouter une corde à la lyre orphique pour que vibre à l’unisson Poésie, Musique … et Peinture.

 

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Prologue et Acte Premier

Dans le Prologue, la figure allégorique de la Musique apparaît. Elle s’adresse en termes nobles aux illustres seigneurs de l’assistance (particulièrement le Duc de Mantoue), pour leur présenter le spectacle.

Le premier Acte est une pastorale où ne figure aucun élément dramatique. Jeunes mariés, Orphée et Eurydice vivent heureux dans un cadre enchanteur, entouré de nymphes et de bergers. Les forêts, les rochers et les prés sont les témoins du bonheur dérivant de leur amour.

Allégorie de la Musique

 

Les Amants fortunés

 

Viens Hyménée !

La Ronde des Nymphes et des Bergers, Naissance du Jour

La Ronde des Nymphes et des Bergers, Pleine Matinée

La Ronde des Nymphes et des Bergers, Nuit d’Étoiles

 

Les Cercles étincelants du Bonheur

 

Ici nous réunit

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Deuxième Acte

Orphée n’a pas toujours été aimé d’Eurydice : il a jadis souffert et confié ses tourments aux bois et aux forêts. Il revient sur les lieux de son errance, entraîné dans la farandole des nymphes et des bergers.

Mais soudain tout change. Sylvia, la Messagère, vient annoncer l’épouvantable nouvelle : Eurydice est morte.

Au plus profond de son désarroi, Orphée reste sans voix, avant de se rebeller contre le Destin implacable : il arrachera Eurydice aux Enfers et la ramènera à la lumière du jour.

 

A l’ombre des Hêtres

 

Le Pont de Verdure

 

La Mort d’Eurydice

 

En souvenir d’Eurydice…

 

La révolte d’Orphée

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Troisième Acte

Orphée est conduit aux portes des Enfers par l’Espérance ; mais elle refuse d’aller plus avant, car un sévère commandement l’interdit.

Ainsi Orphée s’aventure seul dans le royaume des Ténèbres et rencontre Caron, le nocher des Enfers. Mais la brute épaisse refuse à Orphée la traversée du Styx.

Par son chant mélodieux, Orphée charme Caron qui s’endort. Il profite de ce répit pour traverser le morne fleuve dans une embarcation.

 

Aux portes des Enfers

 

La Fuite de l’Espérance

 

La Traversée du Styx, Caron, le Nocher des Enfers

 

La Traversée du Styx, le Chant d’Orphée

 

 

L’inaccessible Quête

Orphée apparaît devant Pluton. Proserpine, son épouse, plaide la cause d'Orphée et le Maître des Enfers accepte de rendre Eurydice; mais à une condition: Orphée ne devra point se retourner pour la regarder, lors de leur remontée vers la lumière.

PLUTON: "Bien qu'un arrêt du sort sévère et immuable

S'oppose, épouse fidèle et aimée, à tes désirs,

Que rien pourtant ne soit refusé

A tant de beauté et à tant de prières.

Qu'Orphée, malgré l'arrêt fatal,

Retrouve sa chère Eurydice.

Mais avant qu'il ne sorte de ces abîmes

que jamais il ne tourne vers elle ses yeux avides,

Car un seul regard

Sera la cause certaine d'une perte éternelle"

Proserpine implore Pluton

Proserpine implore Pluton

 

DEUXIÈME ESPRIT

Voici l'aimable chanteur

Qui conduit son épouse

vers les hauteurs célestes.

 

ORPHEE

Quel honneur est-il digne de toi,

O ma lyre toute puissante,

Si dans le royaume du Tartare

Tu as pu fléchir les esprits endurcis?

Orphée se retourne…

 

La remontée vers la Lumière

Orphée, un jeune homme vieux comme l'Humanité.

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