HENRI DU MONT 1610-1684

La vie d'Henri Du Mont:

Henri de Thier, de son vrai nom, est né en 1610 dans l'ancien pays de Liège, principauté épiscopale appartenant au Saint-Empire Germanique mais d'expression française. Il entre à 10 ans comme enfant de chœur à Notre-Dame de Maastricht.

Il devient organiste de cette basilique en 1629 soit à 19 ans. Il participait en parallèle aux activités de la cathédrale de Liège où il se perfectionne probablement auprès de maîtres comme Léonard Hodemont, sensible aux nouveautés italiennes.

En août 1638 quitte Maastricht, abandonnant sans égards ses supérieurs de la basilique. On le retrouve en 1640 à Paris où il a francisé son nom en Henri du Mont (Thier signifie Mont en wallon). Il se fait connaître et occupe le poste d'organiste à Saint-Paul (église aujourd'hui détruite) en 1643. Il est naturalisé français en 1647.

En 1652 il entre à la cour comme claveciniste du Duc d'Anjou, frère du roi. La même année il publie son recueil de motets intitulé « Cantica sacra ». Il s'agit d'un recueil majeur dans l'histoire de la musique française. Il comprend des motets pour 1, 2, 3 ou 4 solistes avec instruments et basse continue. Ce type de musique religieuse est une nouveauté en France.

Ce qui est nouveau n'est pas l'utilisation de la basse continue, dont on a attribué à tort à Du Mont l'introduction en France (il le dit lui-même), mais l'usage de voix solistes avec instruments concertants dans la musique religieuse, en particulier le petit motet à 1 ou 2 voix. Il introduit de nombreuses nouveautés et ses grands motets annoncent ceux de Versailles. Des effets italiens sont introduits comme les vocalises et les échos. Le genre oratorio est aussi esquissé avec des motets en dialogue. Le style récitatif aussi. Quant à l'usage de la basse continue, s'il n'en est pas l'initiateur en France, il est le premier à publier une partie séparée de basse continue dans des motets, ce qui contribuera à en répandre l'usage.

Il entre ensuite dans la maison de la jeune reine Marie-Thérèse. En 1663 il obtient la charge de sous-maître de la musique du Roy en compagnie de Pierre Robert. Il cumule ensuite les titres à la cour : compositeur de la musique de la chapelle en 1672, maître de la musique de la Reine en 1673. Il cède ces fonctions en 1681 et 1682 à l'âge de 72 ans et meurt en 1684.

Ses grands motets pour la Chapelle Royale sont publiés en 1686, « imprimez par exprès commandement de Sa Majesté ». Ils réunissent toutes les formes expérimentées dans ses motets précédents. On peut noter que les motets de Du Mont sont régulièrement chantés en France dans les paroisses jusque dans les années 1730, soit 60 ans après sa mort.

Ses cinq messes, dites Messes Royales, ont survécu jusqu'au milieu du XX° siècle (avant Vatican II), mais ces messes en plain-chant laissaient peu voir le génie développé par Du Mont dans ses motets.

Les Grands Motets

Les grands motets de Du Mont ont été conçus pour la Chapelle Royale et sont les premiers du genre. Il ne se structurent pas en une succession de mouvements définis exploitant chacun une thématique et une tonalité (on verra cela plus tard avec Lully, puis Rameau). Les versets ne se terminent pas par une double barre de fin (quoique en disent les éditeurs modernes) mais Du Mont fait se succéder des groupes de mesures à caractère propre qui se succèdent et s'enchaînent avec un souci permanent de contraste. Cela se sent aussi dans l'agencement des effectifs : solistes, groupes de solistes, petit chœur, grand chœur, orchestre, s'assemblent, se décalent, se dispersent, se rejoignent. Les voix solistes rejoignent le chœur dès la fin de leur intervention. L'effectif à cinq voix est typique du grand motet français et le restera jusqu'au XVIII° siècle. Du Mont utilisait deux parties de violons et deux d'altos dans ses grands motets, ce qui est à noter, car il s'agit d'une pratique d'Europe du Nord, alors que Lully utilisait une partie de violon et trois d'alto. Note sur l'accord : désolé mais c'est le mésotonique (encore lui !) qui prévaut en France jusqu'à la fin du XVIII° siècle surtout dans la musique d'orgue, donc religieuse. Du Mont étant organiste et sa musique religieuse…. Note sur l'instrumentation : On trouvait dans l'orchestre des grands motets, théorbe et clavecin (et grand orgue…), violons et violes.

Nisi Dominus

Ecrite sur le psaume 126 dans lequel le prophète exhorte les Juifs à mettre leur confiance dans le Seigneur en les assurant qu'ils ne doivent attendre que de lui le succès de leur entreprise.

Voici la traduction phrase par phrase (le mot à mot est impossible, cela donnerait : Sans Seigneur construit maison, en vain travaillent ceux qui édifient elle !) :

Dans le Nisi Dominus, Du Mont évite les figuralismes habituellement utilisés sur ce texte (sur les mots doloris, sagittae, etc…) pour prendre le texte au second degré, en respectant son sens sacré.

Beati omnes

Ecrit sur le psaume 127 intitulé «la maison des hommes pieux »

Benedicam Dominum

Dumont a dû apprécier ce texte car il l'a mis au moins une autre fois en musique (pour une partie du texte seulement) dans un petit motet à deux voix , publié en 1668, et dans lequel on retrouve les thèmes musicaux exposés dans le grand motet.

Traduction proche du texte et presque mot à mot avec ses défauts…
Il y a des doutes sur la traduction des passages entre " "…. Le latin utilisé ici est loin d'être du Ciceron (dixit un professeur de latin) et il est possible que les déclinaisons latines aient été mal utilisées (d'où les défauts de traduction)

La prononciation à la française.

Sébastien de Brossard : Miserere Mei.

Page des grands Motets à la Française.

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